Sur le toit = Liberté [Keats]

(Suite de collaboration difficile)

Je venais d'arriver avec Keats sur le toit, un grand sourire sur les lèvres. Cet endroit me faisait me sentir libre comme c'était pas croyable. Une liberté que je ne pourrais probablement pas ressentir autrepart qu'ici avant ma sortie. Je me tourne vers Keats, attendant une quelconque réaction de sa part...

Avant d'arriver sur le toit, j'ignorais où Jesse allait m'emmener. Lorsque je fais surface derrire elle par l'escalier, je découvre un endroit absolument génial. Partout où je regarde, je ne vois que du ciel et un horrizon qui n'en fini pas.

- Oh mais... c'est génial ici ! dis-je en tournant sur moi même pour admirer la vue de chaque côté.

D'ici, on peut voire la foret et même le centre commercial un peu plus loin.

- J'arrive pas à croire qu'un lieu aussi magnifique puisse exister dans ce centre !

Je souris, elle apprécie l'endroit. Je suis trop forte! J'en étais sure! Elle tourne sur elle-même pour analyser la vue qui s'offre à nous. Une vue magnique, c'est un fait indéniable.

Comme quoi! Rien n'est impossible!
Même au centre on peut s'extasier devant la beauté d'un lieu.

Je lui souris et me permets d'ajouter :

Incroyable, non?

Un petit vent frais et pur vient nous carresser le visage et je me tourne à nouveau vers Jesse.

- Ca oui c'est incroyable ! Merci.

Je lui dis ça en la regardant dans les yeux et en lui adressant un sourire qui exprime tout mon bonheur. A cet instant, je ressens pour elle un indescriptible élan d'affection, elle qui a accepté de partager ce petit bout de liberté avec moi.

Tandis que nous partagons cette vue sublime, quelque chose est entrain de se produire entre nous, quelque chose que je ne saurais définir mais que je sais déjà indestructible. Alors c'est ça l'amitié ? Ce petit réchauffement au creu de la poitrine ? C'est étrange, mais très agréable.

Elle m'a adressé un sourire et un regard, tous deux remplis de gratitude. Partager ce petit bonheur avec elle, c'était plutôt agréable. On commençait tout juste à apprendre à se connaître et je le sentais bien. Je me suis approchée du bord de l'immeuble et me suis assise, pas les pieds dans le vide mais assez près. J'ai tapotté le sol à côté de moi.

Allez viens t'asseoir et profiter un maximum de ce lieu magique!

Ce n'est pas que je sois trouillarde, mais la voir s'approcher du vide comme ça me fait un peu flipper. Elle m'invite à la rejoindre. N'importe qui d'autre m'eut invité à m'asseoir dans le vide, je l'aurais gentillement envoyé promener en le traitant de dingue... Oui, je suis plutôt sujette au vertige dans mon genre... Mais il s'agit de Jesse, et d'une manière qui m'échappe, elle a ce pouvoir étrange sur moi... je lui fais confiance.

Je m'approche doucement et m'installe à côté d'elle. Je regarde vaguement vers le bas... ou lààààà mauvaise idée ! Je ferme les yeux et respire un grand coup le temps de me calmer.

Mhm, toi, tu as le vertige!

Je la regarde, un peu inquiète et l'aide à s'asseoir de manière à ce qu'elle ne voit plus le vide.

Je sais, je suis dotée d'un sens de l'observation très aiguë!

Rien de mieux qu'une petite remarque idiote pour faire sourire les gens après une petite scène comme celle-ci. Et avec Noah comme meilleur ami, on devient vite expert en la matière, croyez-moi sur parole!

Elle trouve le moyen de me faire sourire, même dans une situation pareille...
Je retrouve peu à peu mes esprits. En cette matinée magnifique, et face à cette journée de liberté qui s'offre à nous, je me sens d'humeur à discuter d'avenir.

- Quelle est la première chose que tu feras en sortant d'ici ?

Elle s'est détendue et a semblé enclin à discuter.
Je me gratte la tête, signe que je réfléchis à ma réponse.
Puis affiche un sourire niais.

Je m'allumerai une clope!

J'éclatte de rire. Décidément, sa spontanéité me plait !

- C'est un excellent début ! dis-je en souriant. Mais il n'y a pas une chose que tu rêverais de faire ? Une chose que tu ne peux pas déjà faire ici ?

Elle éclate de rire. Mon caractère semble lui plaire. Tant mieux, elle ne me demande pas de changer pour elle! C'est déjà ça. Elle me répond et me demande si je compte faire autre chose que m'allumer une clope une fois dehors. Je me gratte de nouveau la tête avant de lui répondre.

C'est une excellente question... Parce qu'en fait... Je n'en ai pas la moindre idée!

Je la regarde avec un large sourire et ajoute :

Ca dépend qui sort en même temps que moi!

Je pensais à tous les gens que j'avais rencontré ici, d'abord Noah, puis Audrey, Jin, Julie, Morgane, Theo, Nael et puis Keats aussi... Oui Keats, je crois qu'elle avait pris beaucoup d'importance en si peu de temps. Peut-être pas autant que Nono, mais énormément d'importance...

Je songe à ma question et me dis que si ça avait été elle qui me l'avait posée, moi-même je n'aurais pas su lui répondre de chose précise.

- Oui j'avoue que c'est une question un peu complexe... Il est difficile de se placer aussi loin dans l'avenir !

Tout dépend de qui sort en même temps qu'elle... Je songe immédiatemment à son ami Noah à qui elle a l'air de tenir beaucoup...

- Tu penses que tu garderas le contacte avec des gens d'ici ?

Je me sens légèrement rassurée lorsqu'elle me dit, qu'en fin de compte, sa question n'est pas des plus évidentes et qu'ile st difficile de se placer dans l'avenir. Elle m'a demandé si je comptais garder contact avec certaines personnes du centre.

Bah pour certains, j'espère oui... Tu sais, ça fait plus de sept mois que je suis là, c'est devenu ma seconde maison. Ca va me faire bizarre de partir et en même temps j'ai hâte.

Je me suis gratté la tête, oui, bizarre.

Jesse me dit que ce Centre est comme sa deuxième maison. Je crois que je peux comprendre ce qu'elle veut dire.

- C'est vrai, c'est étrange. Dehors, bien sûr on est libre, mais lorsqu'on dit "bon ben je vais chez le psy", tout le monde nous regarde de travers. On est vite ratrappé par notre "différence". Ici on est peut être entourés d'un personnel composé à 95% d'incapables, mais au moins on est avec des gens qui nous comprennent. On se sentirait presque normal !

Je souris à cette phrase.

Ah bah moi dehors, j'allais pas voir de psy! Pas d'argent, pas le temps, et puis j'en voulais pas!

Dehors, sans personne. Je comptais que sur moi-même, et c'est certainement pas moi-même qui allait me dire de consulter! Moi-même et moi on se ressemble tellement, qu'on pourrait presque être la même personne, c'est fou, hein?

- Ce n'est pas plus mal ! Si tu savais le nombre de psy que mes parents m'ont forcé à aller voir sans que ça ne m'avance à rien. La preuve, c'est que je suis ici aujourd'hui, avec toujours ces mêmes démons qui me hantent...

Je songe à ce que vient de me dire Jesse. Elle semble avoir toujours vécu seule... Je décide alors de tenter une question dont je sais déjà que la réponse risque de ne pas être évidente.

- Sans vouloir jouer les indiscrètes, où sont tes parents ? ... Te sens pas obligée de répondre, hein ! m'empresse-je de rajouter.

Ses parents l'ont donc forcée à aller voir plein de psy.

Sympa les vieux!

Elle semble hésiter puis finalement se jette à l'eau.

Mes parents?

J'émets un léger rire jaune.

En ce qui concerne mon père, c'est une excellente question que tu me poses là! Je n'ai jamais eu de réponse et je n'en ai jamais cherché pour être honnête! Ma mère, bah, elle est morte.

J'avais dit ça comme si je lui sortais la liste des courses. Il paraît que c'est justement ça mon problème. Aucune émotion quand je parle de la mort de ma mère ou de l'absence de mon père. Moi, je ne vois franchement pas le problème...

Elle m'annonce le décès de sa mère et l'abscence de son père comme si elle me parlait de la pluie et du beau temps. Cette froideur apparente ne me surprend pas, elle est loin d'être la première personne ici qui me parle de ses problèmes de cette manière détachée. Pourtant, je ne sais pas pourquoi - sans doute parce que c'est Jesse et que je me suis attachée à elle - cette révélation me fait mal pour elle. Je commence un peu à comprendre pourquoi elle est si "rebelle".

- Oh... Je suis désolée, lui dis-je sincèrement.

J'hausse les épaules, de nouveau avec un léger rire jaune.

Faut pas être désolée, moi, je m'en fous.

J'ai sorti une clope de mon sac et l'ai allumée. Je me fiche complètement de qui sont, ou qui ont pu être mes parents. Le fait est que mon père n'était pas là. Ma mère ne faisait rien pour moi. Alors on apprend à vivre seule. Et je m'en fiche, oui. D'avoir vécue toute seule. Au moins je n'ai pas été aveuglée par une quelconque protection parentale...

Je regarde Jesse et je trouve son histoire triste. Ce n'est pas de la pitié que j'éprouve pour elle, non ! Mais un profond respect et de l'admiration pour celle qui a su vivre et se débrouiller dans la rue toute seule. Moi je n'imagine pas ce que serait ma vie sans ma famille. Bien sûr, mes parents sont parfois pénibles et ils ne me comprennent vraiment pas, mais je les aime tellement.

Je regarde l'horizon en songeant à ma soeur, ma merveilleuse petite soeur qui a toute la vie devant elle. Une vie qui ne sera pas gâchée comme la mienne l'a été... je me demande l'effet ça fait... de se sentir vivre. Elle vient d'avoir 13 ans, l'âge que j'avais lorsque tout a commené... ou plutôt, que tout s'est achevé...
Je fronce les sourcils et secoue la tête, il ne faut pas que mon passé ressurgisse maintenant.

Je la vois un peu troublée. Je ne sais pas si c'est à cause de ma réponse ou d'autre chose mais je n'aime pas ce silence. Je tire une nouvelle bouffée de ma cigarette.

Au fait, je ne t'ai pas demandé. Quelle impolie! T'en veux une?

Je lui montre mon paquet de cigarette, un léger sourire aux lèvres, comme si rien ne s'était passé, comme si on n'avait pas parlé de mes parents, de mon passé.

Jesse vient à mon secours en me tirant de mes pensées obscures. Je sursaute légèrement avant de lui répondre.

- Non ça va, merci, je ne fume pas.

Nous retrouvons le silence, elle occupée à fumer, moi concentrée sur le paysage. Mais ce n'est pas un silence lourd et gênant, c'est juste un agréable moment partagé où nous savourons chacune notre petite liberté.

Elle me remercie en me disant qu'elle ne fume pas et j'hausse les épaules. Chacun son truc. Je reste donc là, à fumer ma cigarette, tranquille, sereine, pendant qu'elle observe le paysage. Cet endroit a l'air de beaucoup lui plaire, en même temps ça se comprend. Ca me fait sourire légèrement. Ca veut dire qu'on partage quelque chose. Et pour moi, ça veut dire beaucoup...

J'ai beau essayer de chasser mes pensées, comme toujours, elles finissent par me revenir en plein visage. Si seulement mon cerveau pouvait se mettre en pose de temps en temps !
Je ressens le besoin d'en discuter avec elle. D'une part parce que je me sens bien avec elle en cet instant, et d'autre part, parce qu'elle m'intéresse... oui, quelqu'un d'autre que moi m'intéresse, c'est un miracle. Si mes psy savaient ça ils en deviendraient vert, eux qui n'arrivent jamais à m'arracher les vers du nez !
Je m'adresse à elle sans quitter la ligne d'horizon des yeux.

- Dis, tu t'es jamais demandé, si tu pouvais revenir dans le passé, quelle est la chose que tu changerais, l'événement de ta vie que tu rejouerais différemment ?

Je continuais de fumer tranquillement quand Keats m'a posé cette étrange question. Je tire une nouvelle bouffée de ma cigarette puis me gratte la tête.

En fait, je ne sais pas si je veux vraiment changé quelque chose. Je veux dire, oui j'ai eu une vie pourrie. Mais au fond, je m'en suis pas trop mal sortie, enfin, y a pire quoi. Et puis j'essaie de positiver, de pas avoir de regrets... J'essaie de grandir en fait, je crois que c'est comme ça que ça s'appelle. Se responsabiliser. Un truc du style... Ou si ça se trouve je dis que des conneries!

J'émets un léger rire devant cette longue réflexion. Je suis allée loin, là!

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