Sur le toit [Libre]

Le jeune homme était là depuis trois mois, mais à vrai dire personne ne l'avait déjà vu car généralement il s'était arrangé pour ne pas être présent en trouvant l'excuse d'aller faire des shooting au Japon ce qui était vrai effectivement mais une excuse pour sortir de là. Maintenant une nouvelle année avait recommencé, seulement il savait que maintenant il ne pouvait plus sortir d'ici à cause d'une soirée beaucoup trop arrosé aux goûts de ses parents et du coup l'école ayant été mise au courant, et bien pour le moment il ne pouvait pas compter pour avoir une autorisation de sortie. Bien sûr cela ne l'empêchait pas parfois d'avoir des choses venant de l'extérieur grâce au livreur avec qui il avait sympathiser, et qui lui fournissait notamment des cigarettes et d'autres choses. Il s'était trouvé un coin de refuge sur le toit de l'école, bien sûr comme il était depréssif le fait d'avoir les pieds dans le vide n'était pas vraiment conseillé mais il n'avait pas vraiment peur, et puis cela lui permettait d'être isoler durant un moment. Crayon de papier en main, il dessinait alors ce qu'il voyait dans son imagination, un calepin de dessin remplit de choses de ce genre là, de tristesse et d'obscurité alors qu'avant ses dessins étaient si différent.

Le toit. Je dois avouer que ça fait un bout de temps que je n'y suis pas allée. Avant de rencontrer Noah, j'y allais de temps en temps. Là, il a rendez-vous avec le psy et je n'ai pas cours alors je me décide à y monter, comme ça, pour voir. J'arrive sur le toit et aperçois quelqu'un assis sur le rebord. D'abord un peu inquète, je me rapproche doucement, ayant peur qu'il compte sauter. Et finalement je me suis rendue compte qu'il dessinait. Légèrement rassurée je me suis quand même approchée, curieuse.

Eh! Mais tu dessines super bien!

Ce n'était pas dans mes habitudes de faire des compliments gratuits mais je devais avouer que ses dessins étaient impressionnants!

Le jeune homme était dépressif mais pas forcément au point de vouloir se jeter du haut d'un toit, bien qu'en le voyant ici on pouvait tout à fait penser qu'il comptait sauter surtout vu d'en bas par exemple. Mais bon généralement il serait debout, rare sont les personnes qui sautent assis sur le rebord ou alors elles tombent sans vraiment le vouloir, bien qu'il savait qu'il pouvait tomber, il n'avait pas vraiment peur en fin de compte vu qu'il venait souvent ici. Il dessinait beaucoup de dessins japonais ou mettant un scène quelque chose rappelant sa culture parfois c'était à moitié japonais, moité américain comme lui pouvait l'être finalement. Il n'avait pas entendu la personne présente derrière lui, jusqu'à ce que celle-ci finisse par lui faire un compliment sur ce qu'il était en train de dessiner, il leve les yeux sur cette personne tout en continuant de gribouiller :

Si tu le dis, mais à vrai dire je suis jamais satisfait de quoi que je puisse gribouiller sur une feuille de papier !

Généralement il était jamais content du résultat qu'il donnait à son dessin alors que pourtant c'était vraiment très bien, mais il doit sans doute se mettre des limites bien trop haute alors que finalement ce qu'il peut faire était déjà très bien.

Mhm... un éternel insatisfait. Je m'asseois à côté de lui sans lui demander si ça le dérange. Je suis ici chez moi, merde! Je le regarde dessiner en m'allumant un clope.

T'en veux une? C'est mon jour de bonté!

Le jeune homme n'était jamais content de ce que lui pouvait faire, mais contrairement à ce qu'on pourrait penser le peu venant des autres peut lui convenir sans soucis. Mais bon il se disait qu'il valait mieux être exigeant en vers soi-même plutôt que de se vanter auprès des autres, comme certaines personnes pouvaient faire. Puis elle finie par s'asseoir auprès de lui regardant toujours ce qu'il dessinait :

Ton jour de bonté, alors autant saisir l'occassion dans ce cas !

Dit-il en la regardant tirer sur sa cigarette tout en lui en donnant une, qu'il alluma par la suite et qu'il mit sur ses lèvres tout en continuant d'atténuer le noir sur sa feuille de papier :

Tu es ici depuis longtemps ?!

Il accepte ma clope et l'allume.
À croire que tous les résidents du centre fument!

Depuis moins d'un an, je dirai 7 mois quelque chose dans ce style-là... et toi?

Il voulait engager la conversation, pourquoi pas!

Le jeune homme ne refusait jamais ce qu'on pouvait lui proposer que ce soit légal ou pas d'ailleurs, après tout quand on refuse quelque chose cela voulait dire qu'on refusait une sorte de contact finalement. Disons qu'aujourd'hui il semblait ouvert à la communication, si cela n'avait pas été le cas alors il n'aurait pas parler du tout en ignorant que la personne serait à ses côtés tout simplement :

Je dirais qu'officiellement cela fait 5 mois !

Il disait ça car il était ou plutôt ses parents avaient négociés avec le centre pour qu'il parte durant deux mois au Japon afin qu'il participe à des shoots pour la nouvelle campagne publicitaire pour une grande marque japonaise. Il tirait quelques taf tout en parlant sans trop la regarder plutôt occuper sur son morceau de papier.

5 mois... il n'est donc pas nouveau. Je ne l'avais jamais remarqué.

Et tu es là... pour quoi? Enfin si t'as pas envie de me le dire, je t'en tiendrais pas rigueur! Je respecte!

Moi curieuse? Naaaaaah

Le jeune homme n'avait pas vraiment été présent du coup pas tout le monde ne l'avait déjà vu auparavant, il passait pour un nouveau alors qu'il ne l'était pas vraiment. Une situation finalement pas si mal car vu qu'il semblait être nouveau les gens s'interessaient à lui, mais il avait la connaissance d'un ancien :

J'ai sombré en enfer en quelques mois !

Bien sûr il ne disait pas qu'il avait vu son ami se faire écraser et aplatir sur le goudron par un camion, un soir où il se retrouvait seul avec lui dans la rue et qu'il avait dû voir tout ça jusqu'à l'arrivé des secours :

Et toi pourquoi tu es ici ?!

Mhm... quelle réponse précise. Je ne lui en veux pas. Il n'est pas obligé et ma curiosité est au moins à moitié contentée. C'est mieux que rien, non? Bref, il me renvoie la question... et je grimace légèrement.

Il paraît que je suis pas nette et en plus j'ai été arrêtée avec possession de drogues alors ils m'ont laissé choisir entre ce centre, la tolle, ou le vrai centre de redressement...

Version raccourcie et corrigée évidemment...

Il n'était pas du genre à se dévoiler aussi facilement, car justement il voulait oublier tout ça mais pour lui le fait d'en parler ne lui rendait pas ce service là, alors que les médecins du centre au contraire étaient plutôt persuadé que d'en parler et d'analyser tout ça étaient meilleurs que de pas chercher à comprendre et d'oublier :

Disons que tu n'as pas vraiment eu le choix alors d'être ici, à moins d'être sm pour accepter d'aller en prison ou pire que ça !

Il n'avait pas été forcé à venir ici comme pas mal de personnes ici, à vrai dire s'il avait accepté d'y venir c'était justement parce c'était lui seul qui avait eu le dernier mot, s'il n'aurait pas voulu alors ses parents n'auraient pas insistés à moins d'intenter à sa vie.

Mais après si on est ici, c'est bien qu'on a un problème finalement !

Ouais le choix était réduit...

J'ai haussé les épaules en tirant une longue bouffée de ma cigarette.

Il paraît oui... Un pote à moi n'arrête pas de me dire que je suis équilibrée, mais les psy semblent avoir un avis totalement différent sur la question. Et honnêtement, je m'en fous!

J'ai besoin d'air! C'est tout ce qui me passe par la tête alors que je sors tout juste du bureau du dirlo. Ils sont vraiment cinglés de me faire cohabité avec quelqu'un. La jolie cata que ça va être! En huit mois que je suis ici, les seules nuits complètes que j'ai eu, c'était quand j'étais dorgué aux tranquilisants en chambre d'isolement. Ça va vraiment être beau!

Je pousse la porte du toit dans un geste violent, puis je me dirige vers les rebords de l'immeuble. Une fois les genoux contre la rambarde, je me mets à gueuler comme un perdu pendant environ une minute où je liquide tout le souffle que je possède. C'est seulement après que je constate la présence de Jesse et d'un type que je pense avoir croisé une fois ou deux. Je roule les yeux et les reportent sur l'horizon sans rien dire. Je déteste qu'on me voit quand j'éclate comme ça sans pouvoir me contrôler.

Il continuait à dessiner tout en l'écoutant alors, mais ne la regardait pas vraiment disons qu'il avait du mal à regarder une personne en face de lui dans les yeux. Pas qu'il était timide mais souvent parce qu'il avait la tête dans ses dessins, il dessinait durant pas mal de temps dans une journée c'était une sorte de consolation à ne plus être libre ici :

Mais dis-toi que ce n'est que pour un temps ...

*Enfin vaut mieux se le dire !*

A vrai dire on peut pas vraiment être équilibré à partir du moment où on franchit la porte de ce centre ! Si on était ce qu'on appele quelqu'un dans la normalité alors on ne serait pas ici !

*L'extérieur me manque, ici c'est trop banal !*/

J'ai jamais voulu être normale de toute façon!

Je me suis retournée brusquement, en ayant entendu la porte du toit claquer. Et j'ai vu No' s'avancer vers les rebords de l'immeuble. Pourtant je n'ai pas bougé d'un poil. Il s'est mis à hurler. Il a une sacrée endurance, n'empêche! Il m'impressionne. Lorsqu'il s'arrête enfin, il se rend compte que deux autres personnes sont présentes avec lui sur le toit. Il était temps. J'ai comme l'impression que le rencard avec le dirlo ne s'est pas bien passé... J'ai grimacé mais n'ai toujours pas bougé. Noah a paru embêté que je me sois trouvé là et a préféré se tourner vers l'horizon plutôt que vers moi. Arf... c'est comme tu veux coco! Du coup j'ai reconcentré mon attention sur les dessins du gars assis à mes côtés.

Je prends quelques inspirations, puis je me décide à rejoindre Jess et l'autre dont je ne me souviens plus du nom. Tout en marchant, je sors une bouteille de mes poches. J'ai toujours ma prescription en permanance sur moi pour des moments comme celui-ci. Je vais m'asseoir à côté de Jesse, toujours sans dire un mot et je décapsule la bouteille pour me prendre deux comprimés que j'avale tout rond avant de remettre la bouteille dans ma poche.

Tu sais puce... C'est à se demander qui est fou dans ce centre...

L'autre à côté de moi, dont je ne connais toujours pas le nom d'ailleurs n'a pas bougé d'un poil. Puis j'ai entendu No' bouger. Il est venu s'asseoir à côté de moi en prenant deux de ses cachets.

Qu'est-ce qu'il t'a dit?

Le dirlo avait dû y aller fort quand même...

Pour lui à partir du moment où une personne franchit les portes du centre alors cela veut dire que quelque chose ne va pas en elle, plus précisément au niveau du cerveau, car sinon pourquoi être dans ce centre là. On était pas forcément fou mais disons que quelque chose n'allait pas vraiment dans notre vie pour en venir à certains points de détresse comme boire, ou fumer ou alors l'envie de mourir par exemple.

Qui sait ce que normal veut dire de toute façon !

Puis il finit par entendre une porte claquer derrière eux, à vrai dire généralement il était seul quand il venait ici mais apparemment pas aujourd'hui, à croire que tout le monde avait rendez-vous ici plutôt inquiétant pour des ados à soucis, d'être sur le toit. Il continue à dessiner tout en sentant quelqu'un s'approcher et se poser à côté de la jeune fille qui lui parlait depuis tout à l'heure. Il écoutait les deux sans trop faire attention après tout les deux semblaient se connaitre alors que lui pas vraiment

Je fixe toujours l'horizon, tentant de me calmer totalement. Je sens les cachets faire doucement leur effet et je me permets de soupirer de soulagement. Ces putains de crises c'est comme la faim ou une envie de pisser. Ça se contrôle pas!

Tu sais, je disais que c'est pas demain la veille que j'aurai de la compagnie dans ma chambre... Bha je me suis gouré. Ils ont décidé de tenter l'expérience! Pauvre type quand même. Je voudrais pas être à sa place et me retrouver avec moi!

En entendant cette révélation, j'ai failli éclater de rire mais je me suis retenue.

Toi? Un coloc? Ils sont complètement syphonnés dans ce centre?!

J'ai secoué la tête, désespérée. Puis ai reporté mon regard sur le dessin de l'autre, juste un instant. Il dessine bien. C'est indéniable. C'est dégueulasse, on devrait pas avoir le droit de dessiner aussi bien! C'est pas juste!

Il écoutait sans trop comprendre de quoi il pouvait bien parler à vrai dire, il n'était pas du genre curieux à savoir ce que les autres disent donc du coup il fumait tranquillement sa cigarette. Il continuait à faire son dessin qui commençait à ressembler à quelque chose de sympa mais jamais parfait selon lui. Il se demandait parfois pourquoi il dessinait car de toute façon cela ne le mènerait à pas grand chose, puisque qu'il n'est pas du genre à se vanter de son talent quoi qu'il en soit.

*Il a pas l'air net celui là, pour pas qu'on lui mette quelqu'un !*

C'est ce que je me suis dit.

Je jette un oeil au type de l'autre côté de Jess et arcque un sourcil en voyant ce qu'il fait. Il est doué, pas d'erreur là-dessus. Ah, les médoc' font vraiment effet et là, je me sens totalement détentu. Ça fait du bien.

En tout cas je le plains ce pauvre gars. Je me demande qui c'est... Ils seraient quand même pas assez dingues pour me coller un nouveau dans les pattes. J'imagine qu'ils ont choisi un type qu'ya un peu plus d'expérience...

Bah vaut mieux pour le gars qu'il soit un minimum endurant, ouais!

J'écrase ma cigarette et m'en rallume une tout de suite derrière. Je ne sais pas en ce moment, j'en ai plus besoin que jamais. Je tire une bonne latte et me tourne vers l'autre gars.

Au fait, tu t'appelles comment?

*Tiens en y pensant le directeur veut me voir, oh j'irai quand j'aurais le temps !*

Jin était partit durant deux bon mois ce qui fait qu'il n'avait plus de chambre ici, et qu'il dormait en attendant dans l'une des chambres visiteurs, celle qu'on donnait aux personnes arrivants, ou alors aux visiteurs. Donc il pensait que c'était sans doute pour lui attribuer une nouvelle chambre, tant que c'était pas quelqu'un qui avait 5 ans de moins dans sa tête comme celui qu'il avait avant, cela irait. Puis finit par jeter sa cigarette finie sur quelqu'un plus bas, tant pis pour lui, il n'avait qu'à pas être là à ce moment précis :

Jin (se disant Yan)

Dit-il sans la regarder, avant de finir alors son dessin totalement disons que pour lui tout était en noir et blanc, du coup il ne mettait jamais de couleurs à ses dessins comme avant.

J'ai hoché la tête. Il semble avoir terminé son dessin.

Moi c'est Jess'

Je lui ai tendu ma main pour qu'il la serre,
telle un agent immobilier à la fin d'un compromi de vente.

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