Sort du cirage

Il a mis son bras autour de mes épaules et je me suis sentie rassurée. Rien que par son geste. Ce n'est pas pour rien que c'est mon seul ami. Sa remarque me fait légèrement sourire et je laisse une fois de plus ma tête tomber sur son épaule. Je veux pas faire la dépressive, c'est pas mon groupe de prédilection, mais des fois ça va et ça vient et je n'y peux rien...

Tu as probablement raison, oui.

Je lui ai répondu, pour me rassurer, pour arrêter de me prendre la tête. Après tout, je n'aurais sûrement jamais la vraie réponse à ma question de départ...

Sa tête retrouve mon épaule, à croire que je suis très confortable! Je me calle un peu plus dans le fauteuil, ajustant la position à un niveau plus confortable pour moi aussi. Surtout, ne m'oublions pas... J'amène ensuite ma cigarette à mes lèvres pour en tirer une bouffée bienfaitrice.

J'ai toujours raison. Tu devrais le savoir depuis le temps puce.

Il s'est lui aussi mis à son aise et j'ai souri face à sa réponse qui ne m'étonnait guère. J'ai, à mon tour porté, ma cigarette à mes lèvres et en ai tiré une longue latte pour m'apaiser. Bon, cette discussion ne menait pas à grand chose... des évidences, des faits, rien de bien palpitant! Alors je me suis décidée à changer de sujet, la déprim' j'en ai assez, surtout que c'est toujours moi et jamais Noah...

Alors, comment ça se passe avec Jin?

Bah quoi? J'ai choisi un sujet neutre, je ne vois pas le souci!

Bien... Il est compréhensif disons.

Et c'est même très surprenant. Quand je suis arrivé ici, vingt-quatre heures plus tard, j'avais une chambre juste pour moi parce que les deux types avec qui on m'avait mis ne me supportait déjà plus.

J'ai souri. C'était surprenant oui, que Noah supporte de vivre avec quelqu'un. Mais Jin a en effet d'air d'être des plus compréhensifs. J'ai pensé à mes propres colocs...

Julie et Morgane, en fin de compte, je ne les vois presque pas! Pourtant elles sont cool!

Ouais c'est vrai ça, je ne suis presque jamais dans ma chambre... Alors forcément, on ne se voit pas tant que ça... J'en meurs pas, vous me direz...

Elles feront jamais le poids face à moi!

Je rigole un peu, tirant une autre latte de ma clope. On passe nos journées ensemble, donc forcément, je suis bien placer pour savoir qu'elle ne passe pas beaucoup de temps avec ses colocs.

J'ai émi un léger rire. Sa modestie était toujours là...

Bah heureusement, sinon il aurait fallu se poser des questions!

C'est vrai, quoi? Ca fait presque sept mois qu'on se connaît Nono et moi. Morgane et Julie sont cool, je les aime bien mais honnêtement, elles auront du mal à rivaliser...

J'aime pas les questions.

Réponse courte, simple, facile à comprendre. Je reste le numéro 1 pas de possibilité de changement à ce fait! Ma cigarette vient de se terminer. Je me redresse une seconde pour l'écraser dans le cendrier avant de me recaller dans le fauteuil, toujours à servir d'oreiller à Jesse.

Oui... moi non plus. Mais la différence entre lui et moi, c'est que lui, il semble réussir à ne pas s'en poser alors que moi... elles me ratent pas. Il a écrasé sa cigarette avant de se replacer comme avant. J'ai repositionné ma tête sur son épaule, pour changer et ai tiré une des dernières lattes de ma cigarette.

Pourquoi les petits plaisirs de la vie sont toujours éphémères?

J'ai grimacé en regardant la fin de ma clope se consumer doucement...

Désolé, t'aimes pas les questions...

Je ris doucement. Ce que mes journées seraient ennuyantes sans Jess'!

Parce que pour apprécier ces plaisirs, il faut que le reste soit moche. Sinon tout ne serait que plaisir et on ne le verrait même pas.

Mon pauvre No' ces tranquillisant ont des effets très néfastes sur toi. Voilà que tu parles à la Richy!

Je me suis redressée et l'ai fixé quelques instants. Puis finalement j'ai éclaté de rire!

C'est que tu dirais presque des trucs sensés des fois!

Je souriais, moqueuse. Les psy avaient peut-être de l'influence sur lui en fin de compte...

Je ris avec elle. Ouais, j'étais inspiré faut croire!

Ça te fou les méninges à l'envers ces tranquillisants.

Bha ouais, faut bien se défendre non?

Je souris. Je lui souris puis écrase ma clope avec regrets.

La bonne excuse!

Je prend mon sac, avec pour intention de me sortir une deuxième clope et quand je mets enfin la main sur mon paquet, je ne sais pas pourquoi, je me résigne à le remettre à sa place. Qu'est-ce qu'il m'arrive? Nah, Jess'! On a dit plus de questions! Mais quand même...

Je remarque son hésitation et je roule les yeux. Qu'est-ce qui lui arrive aujourd'hui? Elle a décidé de jouer les filles pour une fois? Fallait bien que ça tombe maintenant! Tsss. Je prends donc les choses en mains, attrapant son paquet et son sac, fourrant le paquet dans le sac et je me lève d'un bon en le lui redonnant.

On va se dégourdir les jambes chérie. Aller hop hop hop, debout! Du un contre un au basket va s'arranger de te remettre sur le droit chemin.

Il s'est levé, m'a remise en place en moins de deux et a effacé tous mes doutes avant de ma proposer une partie de basket pour me changer les idées. Je crois que c'est officiel, ce gars est mon héros. À croire qu'il me connaît trop bien. C'est donc avec le sourire que je me lève.

Arf, heureusement que t'es là! Cela dit... je vais te laminer!

J'ai dit ça avec un large sourire, ah, me voilà de retour!

Je souris content de voir que ça marche! Elle reprend du poil de la bête. Alors nous nous dirigeons vers le gym et je lui réponds :

Facile quand ton adversaire a passé la journée à roupiller shooté aux tranquillisants et à plus forte dose que la normale!

Clair que mes réflexes risquent d'être engourdi, voir totalement inexistant!

Il sourit et sort l'excuse des calmants. Arf, oui ça le ralentit, c'est un fait! Mais bon... ce n'est pas une raison, si? Je ne suis pas cruelle, je l'aime ce Nono mais je le laminerais, calmants ou pas! C'est donc avec une démarche de Warrior qu'on se dirige vers le gymnase. J'ai retrouvé mon sourire et ça me fait un bien fou. Je passe mes journées avec Noah et pourtant, je ne m'ennuie jamais, ou très rarement.

Je souris encore, toujours content de lui avoir fait retrouver sa mine joyeuse et sans soucis. Nous arrivons finalement au gym et y entrons. Je vais chercher un ballon de basket et revient avec en dribblant déjà question de tenter de réveiller un peu ces réflexes qui se croient encore en sieste d'après-midi.

On arrive donc dans le gymnase et il part chercher un ballon pendant que je pose mon fidèle sac en bandouillière dans un coin de la pièce, à l'écart, histoire que lui et mon paquet de clopes ne se reçoivent pas de coup! Ca serait du gachis... Il dribble et on se rejoint au milieu du terrain. Je souris et lui prend le ballon des mains.

Il est où le bouton " Réfléxes en marche " ?!

Un sourire narquois naît sur mes lèvres alors que je me dirige vers le panneau pour marquer.

Je roules les yeux. Vraiment très drôle. Ils lui ont jamais filé ce qu'ils me donnent au moins trois fois semaines. Elle changerait de refrain. 'Fin bref, elle me pique le ballon, j'ai pas fait trois pas qu'elle est rendu au panier et shoot. Halala, vraiment empâter aujourd'hui, ils y ont été fort... Ça où le fait que j'ai rien manger ce matin. En tout cas!

Je t'avais dit d'être indulgente...

Je marque et secoue la tête face à sa remarque.

Je suis sensée te laisser gagner en gros?

Je lui souris bêtement avant de lui repasser le ballon. Finalement je me mets face à lui et soupire.

Allez papi! Je sais que tu peux le faire!

Un peu de provoc' et il se réveille...

Pas nécessairement, mais ouais, pourquo pas! Les hommes aiment gagner.

En faite je m'en fiche totalement. Et elle le sait. Gagner, perdre, c'est pas important. Au moins pendant qu'on joue, on oubli le reste. On oubli ce centre, nos problèmes et tout ce qui est désagréable. J'attrape le ballon et commence à dribblé vers le panier. Je suis vraiment nul aujourd'hui, c'est deg'!

Je souris un peu. " Les hommes aiment gagner ". Quelle phrase ridicule quand on y pense. Je savais qu'au fond, Noah et moi, on était là pour jouer. Pas pour s'affronter, mais ça pimentait un peu la chose, non? Pas que je sois fan des concours mais les défis m'ont toujours attirés... comme le danger... et après j'ose encore me demander comment je suis arrivée là! Bref, il finit par me repasser le ballon. Il a vraiment pas l'air réveillé. Ils ont carrément assomé mon Nono ces c*ns de médecins.

Allez No'! Essaie au moins de m'arrêter... je m'ennuie!

Je lui ai dit ça en dribblant, limite suppliante...

Je soupire d'abord. Elle me demande un méga effort là et elle le sait en plus. Mais bon, je suis gentil, je fais ce qu'elle demande et vais me foutre en travers de son chemin. Mais voilà que mon manque de rapidité fait qu'on s'emmêle les pattes et bam! Embrassons le sol. Pourquoi pas hein, après tout, je l'avais pas encore fait et pourtant ça arrive souvent quand je sors de la salle d'isolement! Et voilà, le ballon roule un peu plus loin alors que moi je suis empêtré sur Jesse à peine conscient qu'on est par terre. Je le répète encore une fois... :

Foutus médocs!

Je savais qu'il lui en faudrait beaucoup pour se bouger mais finalement il l'a fait... Okay on s'est affalé sur le sol, mais il l'a fait quand même! Je me retrouve donc par terre, Noah à moitié sur moi, sans ballon (n'oublions pas le jeu!). Je ne comprend pas exactement dans quelle position on est, mais ce n'est pas si inconfortable. Alors que Noah jure ses médocs, je tente de comprendre où sont chacun de mes membres avec difficulté. Puis sa tête se retrouve à la hauteur de la mienne, allez savoir comment, et tout ce que je trouve à dire est un des trucs les plus débiles que j'ai jamais sorti...

T'es pas si lourd en fait