Arpès le mur, balade au parc! [PV - Jessounette!]

Il se laisse tomber un peu plus loin, la respiration hatelante, saccadée. Il tourne la tête vers moi et il sourit. Je lui rends son sourire et son regard amoureux avant de lui prendre la main. J'enlace ses doigts aux miens avant de poser ma tête sur son épaule. Je le faisais avant, souvent, lorsqu'on était "juste" les meilleurs amis du Centre. Mais ce soir, je le fais, en ayant la sensation que notre histoire vaut plus que tout à mes yeux, mais surtout, à ses yeux à lui...

Elle me prend la main et vient se coller à mon corps, posant sa tête sur mon épaule. Je referme ce bras autour d'elle, l'attirant un peu plus à moi. Nous sommes dorénavant trop proche l'un de l'autre pour les comportements amicaux que nous avions encore ce matin.

Il passe son bras autour de moi. Je me serre tout contre lui. J'ai l'impression qu'il n'y a pas de mots pour dire ce que je ressens. Je serai incapable de l'exprimer. Je ne veux rien dire pour ne rien gâcher de ce moment exceptionnel. Rien ne viendra gâcher mon bonheur. Rien.
Je me sens en sécurité, pour la première fois de ma vie. Je suis en sécurité, avec lui.

Mon regard est encore fixé sur le ciel étoilé alors que mon pouce caresse distraitement son épaule dénudée. Je pourrais rester comme ça une décénie à juste tenir son corps chaud contre le mien. C'est d'un calme et d'une sénérité désarmante. Je n'avais jamais connu ça avant...

Je sens ses doigts qui caressent mon épaule et rien que ce petit contact me fait sourire.
Je n'aurais jamais cru faire l'objet d'un geste si tendre de la part de Noah. Pas que je m'en plaigne, loin de là! Mon coeur s'est un peu calmé, je dois dire que je lui ai fait vivre de rudes minutes là, mais il survit. C'est un battant. Je regarde un peu le ciel, moi aussi, et réalise ce qu'il se passe. On a fait le mur pour sortir du Centre, on est dans un parc, c'est la nuit, et je viens de faire le truc le plus dingue de toute mon existence. Oui, je crois que c'est bien résumé. Sauf qu'il va falloir songer à bouger, un jour ou l'autre. Et ça, je n'en ai pas du tout envie.
Je me crispe un peu à cette idée et perds légèrement mon sourire.
J'ai pas envie de bouger de là... je suis trop bien.

Je ferme les yeux ayant atteint le sumum de la relaxation, mais je sens Jesse se tendre contre moi. J'ouvre un oeil et le baisse vers elle pour lui jeter un regard. À sa tête, je peux deviner que quelque chose hante son esprit.

Qu'est-ce que t'as?

Et là, je ne peux m'empêcher d'envisager quelque chose de peu réjouissant pour moi. Et si elle trouvait que ce qui venait d'arriver était une erreur?...

J'ai senti qu'il me regardait mais je n'ai pas osé relever la tête vers lui, du moins, pas suffisamment pour plonger mon regard dans le sien. Il me demande ce qu'il m'arrive et je me crispe davantage à l'idée de lui annoncer qu'il va bien falloir bouger un jour ou l'autre. Pourtant, j'ai senti une pointe d'inquiétude dans sa voix, et ce petit rien m'a obligée à le regarder. J'ai ouvert la bouche pour émettre un son mais au début, rien ne sortait. Alors j'ai fouillé loin dans mes trippes histoire de me donner du courage.

Je... Il va falloir retourner au Centre.

J'ai baissé à nouveau les yeux. Ma voix s'est faite plus froide que je ne l'aurais voulu. À défaut d'être capable de parler de mes sentiments, j'ai préféré jouer la carte des données "matérielles". Même si ça ne m'enchante pas du tout...

J'hoche simplement de la tête. Après tout elle a raison. On ne peut par rester flambant nus dans le parc pendant des heures. Mais je ne fais aucun geste. À défaut d'y rester des heures, on peut bien y rester quelques minutes encore. Je n'ai pas envie de retourner au centre. Au centre nous sommes amis. Alors qu'ici, nous sommes amants. C'est stupide de penser comme ça direz-vous, mais c'est quand même ce que je crois. Au centre, la ligne à franchir sera plus difficile qu'ici, j'en suis persuadé...

Il a hoché la tête mais n'a rien ajouté. Je me suis sentie d'autant plus gênée parce qu'il n'a esquissé aucun mouvement pour se séparer de moi. Je me suis trouvée idiote à ce moment-là, je ne songeais qu'à rentrer alors que lui il préfèrait me garder dans ses bras. Raaah, Jesse! Je me serre contre lui et dépose un petit baiser sur son torse avant de me redresser lentement. J'ai frémi en sentant sa main glisser le long de mon bras. Et puis, j'ai un peu froid quand même... alors j'ai cherché un peu mes vêtements du regard... On est dans un parc! UN PARC! xD

Elle se redresse pour s'habiller et je reste là sans bouger, un petit temps, l'observant simplement. Puis j'attrape mes vêtement pour me vêtir aussi, le tout dans le silence. Une fois cela fait, je lève mes yeux sur elle pour croiser son regard. Je la connais, je sais qu'elle n'exprime que très peu de chose, alors je ne fais que lui sourire et lui tendre la main.

J'ai pris mes vêtements alors qu'il ne bougeait toujours pas. Ce n'est que lorsque j'ai commencé à me rhabiller qu'il m'a imitée. En silence toujours. Une fois habillés, on s'est relevé et j'ai croisé son regard. Il avait toujours ce regard chaleureux. Il me comprenait mieux que quiconque, avant ça déjà, alors maintenant... Il m'a souri et m'a tendu une main. Ca me rappelle la scène de tout à l'heure, mis à part que c'est moi qui lui tendais la main. Je prends sa main, beaucoup plus à l'aise et dépose un léger baiser sur ses lèvres. Une petite envie comme ça. Je veux profiter du court laps de temps qu'il nous reste à passer dehors. Autant être la plus tendre possible...

Je me mets à marcher après avoir reçu son baiser, mais je ne presse pas trop le pas. Être là, sur le trottoir à marcher, sa main dans la mienne, ça me donne l'impression d'être normal. De ne pas avoir de problème et d'être aussi sain d'esprit que le type qui se balade de l'autre côté de la rue.

On marche le plus tranquillement du monde, main dans la main. J'ai cette sensation de légèreté et ces papillons dans mon estomac qui refusent de me quitter. Je trouve ça dingue, j'ai l'impression de flotter. C'est très agréable. Aucun doute ne vient occuper mon esprit, je ne me suis jamais sentie aussi sereine. Je serre un peu plus sa main dans la mienne, pour sentir que tout ça, c'est grâce à lui et personne d'autre...

Je sens sa main se serrer dans la mienne ce qui me fait tourner les yeux vers elle. Je peux sentir du bien être dans son regard, ce qui me fait sourire. Je dépose un baiser volatile sur ses lèvres, appréciant de plus en plus ces petits contacts que nous n'avions pas dans notre relation exclusivement amicale.

Il tourne les yeux vers moi et sourit. J'ai l'impression que rien ne pourrait entraver notre bonheur. Pourtant, je sais par exéprience que les bonnes choses sont éphémères... Il m'embrasse brièvement et ça me fait sourire à mon tour. Ces petits gestes, aussi insignifiants puissent-ils paraître, représentent beaucoup à mes yeux... On continue de marcher et je redoute de voir la sale façade du Centre. Parce que je sais qu'une fois à l'intérieur, ce sera différent... ce sera différent parce qu'on ne sera plus seuls au monde...

Les murs du centre se profilent à l'horizon et je sens un léger point se former dans mon estomac. Je n'ai absolument pas l'envie de renter mais je sais qu'il le faut. Alors je continue de marcher, me concentrant uniquement sur la main de Jesse dans la mienne, me disant que malgré tout, ce petit geste change bien des choses...

On se rapproche du Centre, bien trop vite à mon goût. Le fait que j'ignore ce qu'il va se passer une fois à l'intérieur me glace. On se dirige vers le "passage" qui nous permet habituellement de sortir et entrer à notre guise et on s'arrête de nous-même devant, toujours main dans la main. Je crois que Noah a compris aussi. On se tourne pour se retrouver face à face. Je lui prend l'autre main avant de poser ma tête sur son torse. J'ai pas envie de rentrer, et pourtant, je sais qu'il va bien falloir à un moment ou à un autre. Sentir ses doigts qui s'enlacent aux miens est très rassurant mais pas suffisamment à mon goût...

Je lui offre l'étreinte souhaité, la savourant également. Puis je délaisse ses mains pour serrer son corps dans mes bras, humant son odeur, enregistrant les sensations. Puis mes mains se posent sur son visage, l'attirant au mien pour un dernier baiser. Un dernier pour ce soir, car j'ai une délicieuse pensée qui me dit qu'il est loin d'être le dernier que nous échangerons.

Il me serre tout contre lui et je me sens beaucoup mieux, rien qu'à ce contact-là. J'essaie d'imprégner ma mémoire de tout ce qui vient de lui, parce que tout ce qui est venu de lui ce soir n'était que plaisir et bien-être. Il m'attire encore plus près et m'embrasse. Pas les petits baisers de tout à l'heure, un vrai baiser, un peu comme notre premier. Ce baiser-là à un goût d'aurevoir mais pas un goût d'adieu, et c'est ça qui me rassure le plus. Je passe mes mains autour de nuque et savoure ce dernier instant magique de la soirée...

Le baiser se prolongue, ni l'un ni l'autre ne souhaitant le voir se terminer. Mais il faut bien qu'il se termine un jour, ne serait-ce que pour respirer. Je plante mon regard dans le sien un moment, avant que finalement, nous entrons sur le terrain du centre. C'est ici que nous devons nous séparer, nos dortoirs étant à l'opposés.

On se voit demain matin...

Oui, j'aurais préféré que ce baiser ne s'arrête pas. Mais il le fallait, et j'en étais malheureusement consciente. Il me fixe un instant qui me paraît interminable puis je sens que le moment où nous devons nous séparer est déjà arrivé. C'est trop bien tôt à mon goût. Il me dit qu'on se verra demain matin, pourtant, j'ai l'impression de sentir une pointe d'inquiétude dans sa voix. Je n'aime pas ça, non je n'aime pas ça du tout. Je dépose un nouveau baiser sur ses lèvres, plus bref et lui fais un petit sourire rassurant. Je me sens empreinte d'une grande force, allez savoir. Je ne cherche plus à comprendre toutes les émotions qui m'ont traversées tout au long de cette soirée. Je lui lâche la main et m'éloigne un peu à reculons. Doucement, parce qu'on est peut-être allé un peu vite... Puis je répète ces mêmes mots, mais sur un ton plus qu'assuré.

On se voit demain.

Je lui fais un grand sourire en réponse et je reste là, à la fixer qui s'éloigne et c'est seulement lorsqu'elle me tourne finalement le dos que je me décide à bouger pour regagner ma chambre. Je sens que la nuit va être courte. Avec Jesse prêt de moi, je ne réfléchis pas et me concentre sur sa présence, mais là, comme elle n'est plus là, mon cerveau à tout loisir de se poser trop de questions et de se faire trop de peurs...